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La musique européenne n’avait eu de cesse qu’elle ne fût séparée de la danse, et la danse européenne qu’elle ne divorçât d’avec la transe. Superficiellement et commercialement américaine, mais profondément africaine, la Pop Music, qui l’a remplacée sans reste, réintroduit la fusion primitive et rétablit le règne proto-archaïque de la transe — plus une manifestation, religieuse, politique ou syndicale, qui n’ait la transe comme expression et comme moyen : il y faut danser, et danser c’est au moins mimer la transe, comme dans les boîtes du samedi soir et les rave parties. Curieusement — et plus curieusement encore le génial Gunther Anders l’avait remarqué il y a trois quarts de siècle —, la transe la plus primitive est en accord parfait avec l’industrialisation et les successives révolutions industrielles. Quant Donald Trump fait son petit pas de danse de triomphe, il mime la transe, mais en même temps il mime la machine, la machine elle-même archaïque des “Temps Modernes”, avec ses roues dentelées et ses engrenages. Mon hypothèse, que paraît confirmer aujourd’hui encore le spectacle des dirigeants sud-africains appelant en dansant, en transe, au massacre des blancs, est que la transe, fusion du corps et de la machine (voir n’importe quel “concert”), machination de l’être, est profondément génocidaire (ou cannibale, si l’on préfère). Il y a plus de résistance au remplacisme global dans un quintette de Brahms que dans un discours de Marine Le Pen.
Le christianisme, seul de toutes les religions, n’avait accepté la musique dans ses offices qu’à la condition qu’elle se séparât d’avec la danse, toujours suspecte de collusion avec la transe. Mais les noirs les ont réintroduites, et, Petit et Grand Remplacement mêlés, la Transe règne au côté du Trans, son époux.
Quelqu’un m’avait demandé une référence dans Günther Anders mais, le temps que je la retrouve, je ne retrouve plus la question…
À une date que les historiens ont encore à préciser, mais postérieure de peu à la Seconde Guerre mondiale, l’éternelle tyrannie fit la découverte qui allait rendre son pouvoir absolu : il ne lui fallait plus s’appuyer sur les riches et sur les puissants, comme elle l’avait fait sottement jusqu’alors bien qu’ils constituassent pour elle autant de potentiels rivaux ; mais sur les plus déshérités, au contraire, en réclamant pour eux l’égalité, conçue non pas comme leur promotion mais comme la suppression des privilèges des héritiers.
Ainsi l’antiracisme obtint-il rapidement la destruction des États européens, de l’Europe et de sa civilisation.
La démocratisation de l’éducation entraîna rapidement la destruction du système scolaire, les élèves, même issus des milieux privilégiés, ne recevant plus que l’éducation dispensée jusqu’alors aux plus défavorisés.
La démocratisation de la culture eut pour conséquence sa disparition, la seule qui restât admise étant celle des milieux qui n’en avaient pas, le reste étant présenté comme un honteux privilège de classe.
Et l’urgence écologique est aujourd’hui étouffée par la même méthode infaillible, toutes les mesures qui pourraient améliorer un peu la situation de la planète étant successivement écartées au prétexte que les plus pauvres ne sauraient les supporter.
Jamais il n’est question d’améliorer le sort de ces plus pauvres ; mais toujours de les utiliser pour empêcher ce qui pourrait nuire aux desseins la tyrannie, c’est-à-dire de la machination industrielle de l’espèce humaine.
Au milieu de la troisième décennie du XXIe siècle, les Français, ont cessé de savoir prononcer le mot “autre”. Ce fut aussi fulgurant et massif que le passage d’“avoir tort” à “avoir tord”. Soudain, et tout à fait en dehors du moindre accent méridional, il n’y eut plus d’autre, seulement de l’otre.
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Le site de Renaud Camus est en panne, nos équipes techniques mettent tout en œuvre, etc. C'est l'occasion de divaguer, en attendant, sur le site Sanctuaire : https://renaudcamus-oeuvres.com
Benedictus qui venit in nomine Domini.
« Je crois profondément que la civilisation a été inventée pour rendre possible la solitude. »
Renaud Camus — Du sens, P.O.L., p. 327
Ne vous laissez pas impressionner par leur prétendu “sens de l’histoire”, ni par leur éternel “ça a toujours été comme ça”. Tout au long des siècles les grandes civilisations sont apparues lorsque des hommes et des femmes ont refusé de se laisser emporter par le flux, ont dit non, désolé, ça ne va pas se passer comme ça.
2025/06/30 12:57:49
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